Défense de l'enseignement spécialisé
Inclusion systématique : vos témoignages
Participez pour nous aider à préparer la conférence nationale sur l'inclusion systématique qu'organise la FNEC-FP-FO le 17 novembre 2023
Inclusion pour tous en milieu ordinaire ? Fermeture des établissements spécialisés ?
J-P - Professeur remplaçant - septembre 2023
Anecdote un peu ancienne, pré-covid, mais qui peut hélas se reproduire.
J'ai été envoyé remplacer dans une classe ou un élève autiste était scolarisé. Sa maîtresse était souffrante, son AESH aussi et c'est ainsi que je me suis retrouvé seul face à cette classe et cet enfant en grande souffrance de n'avoir pas ses repères affectifs dira-t-on, habituels.
Il faut toujours un temps pour s'approprier les outils et le fonctionnement de la classe. En quelques minutes, cet élève s'est roulé dans un tapis du coin regroupement et a refusé d'en sortir. Je crois qu'il a été terrorisé malgré les efforts que j'ai déployés. C'était horrible, j'en garde un souvenir d'échec, de solitude et de terreur de ce petit....Je ne dis pas que sa place est ailleurs, je dis que l'accompagnement devait être pérennisé et l'enseignant jamais laissé seul.
Kathy - professeur spécialisée - septembre 2023
J'ai eu pendant quelques mois un élève à gros problèmes de comportement et malgré les adaptations que j'essayais de mettre en place, il n'y avait aucun progrès . Lors d'une ESS en urgence, l'ien a proposé une scolarisation à mi-temps. Une demande d'aide par une EMAS a été demandée. 3 éducatrices sont venues pendant 3 semaines prendre des notes, observer l'enfant depuis le fond de la classe. Je n'ai eu aucun retour, aucune proposition d'aide. Puis cet enfant a été déplacé dans une autre école de la ville car dans ma classe il y avait 2 élèves avec un profil ITEP. Dans cette autre école, les observations par les éducatrices ont repris, puis sans solutions concrètes proposées et après de multiples réunions, plusieurs mois ont passé et l'enfant a enfin obtenu une place en ITEP.
Catherine - professeur titulaire de classe - septembre 2023
Un élève scolarisé en CM2 avec problèmes psychologiques non traités. La mère refuse tout (suivi CMP, Psys, orientation vers un ITEP). Au quotidien, ma collègue de CM2 est sur le qui-vive toute la journée par crainte de gestes violents envers les autres élèves et elle-même. Les apprentissages sont très régulièrement interrompus par les provocations verbales et physiques de cet élève qui manifestement est aussi en grande souffrance mais ne bénéficie d'aucun soin. Plusieurs faits établissements sont remontés, la hiérarchie est informée, ne trouve pas de solution. Lors d'une récréation et devant tous les élèves, cet élève finit par taper la maîtresse qui obtient alors plusieurs jours d'ITT. Certains élèves de la classe mais aussi de toute l'école présentent une certaine anxiété pour venir à l'école (pleurs, refus d'entrer dans la cour..). Les enseignants auront droit par la suite à une formation de 2 jours Elèves à Besoins Educatifs Particuliers. Les enseignants de l'école ont vraiment ressenti qu'on leur renvoyait qu'ils étaient incompétents, les faisant culpabiliser.
Anonyme - Professeur remplaçant - septembre 2023
J'ai été confrontée à un élève en grande souffrance psychologique. Très violent envers les autres élèves, hautement perturbateur, dangereux pour lui-même et les autres lors de ses crises... Beaucoup de démarches ont été effectuées, notamment une demande d'entrée en ITEP, mais la liste d'attente est longue... L'année scolaire est passée sans aide concrète et efficace pour l'équipe enseignante, hormis des conseils qui n'ont pas été suffisants. Bilan : je n'ai pas été capable d'aider cet élève, sa classe a été "sacrifiée" (ambiance détériorée et apprentissages perturbés), et j'envisage désormais de changer de métier.
Anonyme - Directrice - septembre 2023
J'ai été nommée directrice dans une école où un élève était scolarisé presque à temps complet en CM1. Il n'était pas lecteur, ne verbalisait pas. Il avait une AESH à temps complet qui était fréquemment obligée de l'accompagner seule en salle de motricité car il se montrait violent. Elle empruntait des cubes en maternelle pour le calmer. Cet enfant avait une orientation en IME depuis 2 ans et était scolarisé dans cette école depuis le CP. Il a enfin eu accès à l'IME en début de CM2. Il y a appris à dire quelques mots. Dans cette même école, il a été difficile de réussir à convaincre une famille de faire un dossier MDPH pour leur enfant qui présentait des troubles cognitifs. L'accompagnement à été long et parfois houleux mais nous avons obtenu ensemble une orientation en Ulis. Quand fin juin, la maman est venue me voir avec le courrier qui signifiait que sa fille devait rester en milieu ordinaire car il n'y avait pas de place en Ulis, c'est moi qui ai du affronter sa tristesse, sa colère et son incompréhension.
Anonyme - Professeur des écoles - septembre 2023
L'année scolaire dernière a été la plus compliquée de ma carrière, 8 enfants à profil particulier dans une classe maternelle en cour double. Une ATSEM formidable le matin, c'est tout.............
Comment en est on arrivé là? De nouveaux arrivants dans l'école, mais aussi des cas que l'on avait plus ou moins repéré mais que la collègue avait choisi de "laisser grandir"...Or quand il y a un soucis et qu'on grandit, le soucis reste ou même grandi aussi...
J'ai passé mon année scolaire à essayer d'en dire aux parents sans en dire trop pour ne pas les fermer...
Exercice pour lequel je n'ai jamais été formé! A remplir des documents.... A essayer tant bien que mal de mettre des choses en place pour les faire progresser et surtout ne pas les décourager, alors que moi même je luttais tous les jours contre le découragement.
Mon conjoint ne comprenait pas pourquoi je passais la plupart de mes midis, mes soirées jusqu'à quelquefois 20h à l'école. A essayer de quand même m'occuper des autres. Mais malheureusement il n'y a que 24 heures dans une journée!
Ma hiérarchie n'a pas manqué de me faire rappeler l'obligation de la voie hiérarchique, que présenter un dossier au psychologue scolaire directement, ça ne se faisait pas, qu'il fallait d'abord remplir, un autre papier, une autre demande.
Encore des papiers!!! Moi qui croyais ainsi gagner du temps. Du temps pour les enfants concernés. Car avant tout, c'est pour eux! Quand il s'écoule une année scolaire pour mettre des choses en place, ça leur fait une année supplémentaire compliquée à vivre!
Après les vacances de février, royalement, on m'accorde une AVS deux demi journées par semaine! Une jeune femme pleine de bonne volonté mais qui débarquait sans aucune formation!
Je ne souhaite à personne de vivre l'année que j'ai vécue, épuisante, décourageante....8 cas dans une classe c'est beaucoup trop! J'ai fait au mieux avec ce que j'avais mais j'ai aussi le sentiment que ce n'est pas assez pour aider ces enfants aux grands besoins.
Je ne comprends pas que tout ne soit pas fait pour aider ses enfants à s'épanouir au mieux, ce sont les adultes de demain
Christine - AESH - septembre 2023
Il y a quelques années, on m'a affectée en grande section pour un élève autiste.
Quand il entrait en classe, il allait de suite vers le coin voiture. Il s'allongeait pour jouer sans échanger un seul instant avec ses camarades de classe.
Il ne s'intégrait jamais dans le groupe classe, courrait dans le salle, poussait des cris lorsqu'il y avait trop de bruit... il repoussait l'enseignante et l'aesh. Au moment des récréations, il se roulait par terre car ne voulait pas mettre son manteau, et ne voulait pas allait en récréation tout simplement.
Cela a duré plus d'un mois jusqu'au jour où une ESS a eu lieu en présence de l'IEN, du pedopsychiatre du CMP et l'équipe éducative. Au cours de l'ESS, l'Inspecteur a écouté tous les intervenants et a tranché :" On le déscolarise!"...
L'enfant a donc été déscolarisé. Une PE d'ulis est allé chez lui régulièrement lui donner des cours ,la maman a dû arrêter de travailler... J'ai retrouvé cet élève l'année de son CE2,.. je l'ai eu en accompagnement individuel 1h30 tous les jeudis (seuls moments où il était scolarisé)..
Les temps de récréation étaient très difficiles car très, trop bruyants pour lui. Pendant la classe, il ne suivait pas du tout le cours.. on faisait des puzzles, de l'écriture, des jeux, rien du programme de CE2.
La directrice lui a trouvé une place en structure spécialisée après bien des années d'attente et de souffrance.
Le fonctionnement PIAL : un progrès pour les personnels ? un progrès pour les élèves ?
Anonyme - AESH - septembre 2023
Aucune écoute, aucune formation quand on demande des formations parmi celles qui nous sont proposées on nous répond trop tard quand on nous répond.
Quant aux enfants leur nombre d'heures de suivi ne sont pas respectées, déjà que selon la MDPH leur handicap n'est là que la moitié de la journée pour la majorité mais on ne nous donne même pas les moyens de faire 12 h par semaine avec un enfant.
Du matériel ? Rien ou alors avec notre argent c'est vrai on est tellement bien payé qu'on peut s'offrir un ordinateur une imprimante les cartouches feuilles, plastifieuse avec ses feuilles..... dans l'école où je suis un ordinateur pour les 6 classes, 7 prof 2 aesh plus le personnel de cantine garderie alors préparer des choses oui sur le temps du midi car tous reparte manger donc seul moment où c'est possible de l'utiliser.
La situation que ce soit des AESH et des enfants accompagnés ne fait que sE dégrader depuis la mise en place des PIAL il est temps d'arrêter le massacre
Anonyme - AESH - septembre 2023
Il faut toujours ajuster les plannings sans donner les heures que chaque élève à le droit car nous ne sommes jamais assez. Nous ne pouvons pas les accompagner dans certaines matières, malgré leurs handicaps (exemples : musique sport dessin aide au devoir perm) alors que nous pourrions les aider à faire leurs devoirs et revoir ce qu’ils n'ont pas compris.
L’école inclusive doit prendre en compte les besoins des enfants car je me suis occupée d’une autiste sévère âgée de 4 ans et je n’avais aucun matériel pour travailler et une table basse de IKEA impossible de me mettre les jambes en dessous . J’ai dû fait mes support moi même.
Sans compte que les directeurs ou directrices d’établissement; nous demande de faire du travail sur nos heures connexes et nous disent qu’il dispose de ses heures. Nous, Aesh, ne sommes pas reconnus ni intégrés comme il le faudrait dans les écoles. Nous sommes considérés comme des personnes de seconde main.
Aucun statut donc aucune reconnaissance de notre travail.
Anonyme - AESH - septembre 2023
En ce début d'année, on me prévient le changement d'école la veille au soir.
Arrivée là, c'est un enfant avec de grosses difficultés. Il ne parle pas, ne reste pas assis, ne fait que crier. Et de plus je viens pour lui 1 journée pas semaine car il est en hôpital de jour la matinée.
Donc je ne sers à rien dans cette classe. Le reste de la semaine je suis dans une autre école avec plusieurs enfants de niveau différents. Qui ont des gros besoins. Et je ne suis pas remplacée quand je pars de l'autre côté. J'ai contacté le PIAL pour essayer d'expliquer. On m'a répondu que si je ne voulais pas être sur la liste des écoles, je devais donner ma démission. Elle m'a dit qu'elle attendait ma lettre sur son bureau l'après midi même.
Car mon contrat se finit le 10 septembre et j'avais accepté le CDI sans même la signature à se jour. Que faire?
Nadia - AESH - juillet 2023
Nous sommes des pions, des numéros qu’on peut placer n’importe comment, le côté humain, il s’en fiche clairement, ils ne veulent pas le bien-être de l’enfant !!! Surtout qu’on est des repères pour eux.
Le système de changer d’aesh à chaque fois ça peut que perturber l’enfant. Surtout si il s’agit d’un trouble qui ne permet pas de le faire.
Justement, je suis dans cette situation : c’était ma première année.
J’étais au collège, j’ai réussi à tisser une relation de confiance avec une élève qui ne voulait pas de contacts humain à côté d’elle au fur et à mesure elle m’a acceptée. Quand j’étais absente pendant une semaine, elle n’a pas du tout voulu travailler avec qui que ce soit .
Malheureusement, dans mon collège, j’avais une coordinatrice. Le fait qu’on s’entendait bien avec l’équipe pédagogique, et une très bonne entente entre les nouvelles aesh, ça ne lui plaisait pas, et je pense que ça joue beaucoup sur la décision du tête de PIAL. Surtout qu’on a eu des éloges et de la reconnaissance de la part du corps enseignant.
La mère avait pris rendez-vous avec la prof principal et en amont , elle avait envoyé un mail au collège pour que je reste avec elle, elle n'a pas eut de réponse, sachant que le mail a été transmis à la coordinatrice (celle qui travaille au collège ).
Malheureusement, je pense que la coordinatrice n’a pas transmis le mail à la tête Pial. Après avoir eu mon affectation dans une école primaire,je n’ai pas compris alors pourquoi faire des vœux dans ce cas là ? Sachant que dans mes vœux , j’ai demandé à suivre mes élèves et oralement, j’ai bien précisé que si elle me changeait, je souhaitais continuer dans le collège ou dans un autre, mais pas être dans une école primaire comme j’ai eu une mauvaise expérience en service civique en tant que aesh. Et là je me retrouve dans une école primaire Elle a justifiée ça comme « pour être au C.D.I., il faut faire tous les niveaux. Puis je te verrais bien en primaire »
Pour être honnête, c’est juste que les élèves à besoins particuliers sont considérés comme des moyens en soi, il s’en fiche qu’ils ont des troubles, c’est les moyens avant tout parce que les moyens dis argent et voilà … le système PIAL il faut absolument le supprimer.
Je sais que, pour certains de mes collègues, le harcèlement est vraiment présent au quotidien. Les coordinatrices mettent des pressions aux AESH. Ce qui pousse parfois ces dernières à démissionner de leurs fonctions.
Sandrine - AESH - juillet 2023
Bonjour, Actuellement AESH j'ai décidé de changer de métier.
J'exerce depuis 5 ans. En 2021 j'ai changé de pial.
Après 2 ans dans une école maternelle on décide de changer mon affectation pour le second degré.
Une relation de confiance s'est établie et a permis de gros progrès de l'enfant.
Les parents et moi même avons essayé de faire modifier l'affectation. Nous ne sommes pas entendus. J'ai l'impression de n'être qu'un pion qu'on déplace.
Je sais que la mobilité fait partie du pial mais on ne prend pas en compte le fait que je souhaite exercer en 1er degré. Je n'ai aucune réponse aux mails que j'envoie, on ne me rappelle pas lorsque je téléphone.
Je suis écœurée du manque de considération, du manque de respect.
Catégorie : - Livre Noir
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